La Société d’archéologie et d’histoire de la Manche
Section de Valognes
vous invite le
mercredi 22 mai 2019
Salle Paul Éluard, hôtel-Dieu, rue de l’hôtel-Dieu, Valognes
à 18h00 précises
à une conférence intitulée
« La pomme dans tous ses états au Moyen Âge dans la France de l’Ouest »
par Marie Casset
La pomme, c’est d’abord des mots (pomum le fruit rond, malum la pomme) et après de longs débats, le fruit défendu croqué par Ève.
Les pommiers sauvages sont présents dans tout l’hémisphère nord et leur domestication est repérée très tôt en Asie centrale, il y a entre 10 000 et 4 000 ans. Depuis l’Antiquité, les pommiers domestiques d’Europe de l’ouest sont issus de l’hybridation entre pommiers sauvages locaux et pommiers domestiques du Proche-Orient. À la fin du Moyen Âge, on repère dans les textes et suivant les régions (Normandie, Pays basque, Maine, Picardie...) de nombreuses variétés de pommes obtenues par des greffes bien maîtrisées.
Dès le haut Moyen Âge, les vergers se déploient aux portes des palais, des châteaux, des manoirs et des monastères ; ils ponctuent les paysages urbains et périurbains. Dans certaines zones (Bessin, Pays d’Auge), les corvées de ramassage, les taxes sur la production (dîmes), le transport et le commerce sont révélatrices de productions importantes. La pomme, peu utilisée dans la cuisine, n’entre que dans de rares préparations culinaires.
Le cidre est la principale issue des pommes domestiques et sauvages, désigné depuis au moins le Ve siècle par des formules variées : jus ou vin de pommes (succus malorum, vinum de pomis, vinum ex malis), boisson fermentée de pommes (sicera), « cidre » à partir du XIIe siècle.
La production de cidre à vocation commerciale reste longtemps très localisée dans quelques régions (Pays basque, Pays d’Auge, Bessin, Pays d’Othe), et c’est une boisson peu appréciée. Au XIVe siècle, la production et la commercialisation se développent ; la consommation explose dans les villes (Rouen, Évreux, Laval, Paris) comme dans les campagnes. Cette extension, parallèle au recul de la vigne au nord de la Loire, est liée à la détérioration du climat. Sur les tables modestes, dans les monastères et les hôtels-Dieu, sur les chantiers de construction, dans les garnisons et les bateaux, il remplace souvent la cervoise et le vin. Sa consommation gagne au XVe siècle des régions où il n’était qu’une boisson familiale (Maine, Bretagne).
Marie Casset, docteur en histoire, a enseigné l’histoire du Moyen Âge à l’université de Bretagne Sud. Maître de conférences honoraire, elle est membre associé du centre Michel de Bouärd – CRAHAM de l’université de Caen Normandie. Sa thèse, soutenue en 1999, avait pour sujet Les résidences rurales et semi-rurales des archévêques et évêques normands au Moyen Âge. Spécialiste des résidences seigneuriales médiévales dans l’ouest de la France et de leur aménagement paysager, elle a publié de nombreux articles sur ce thème et des thèmes annexes. Signalons parmi ses productions les plus récentes « Fortifier les manoirs pour le ‘prouffit de la chose publique’ dans le Cotentin a la fin du XIVe siècle », in Oudart H., Picard J.-M. et Quaghebeur J. (dir.), Le Prince, son peuple et le bien commun de l’Antiquité tardive à la fin du Moyen Âge, Actes du colloque international de Lorient (septembre 2007), Rennes, PUR, 2013, p. 255-273. Marie Casset est également active dans le milieu associatif, elle est notamment membre du conseil d’administration de la Société d’archéologie d’Avranches, Mortain et Granville.