La Société d’archéologie et d’histoire de la Manche
Section de Valognes
vous invite le
mercredi 14 septembre 2022
Salle Paul Éluard, hôtel-Dieu, rue de l’hôtel-Dieu, Valognes
à 18h00 précises
à une conférence intitulée
"L’odyssée du corsaire sudiste CSS Alabama, de son lancement à Liverpool comme l’Enrica à son combat final contre l’USS Kearsarge au large de Cherbourg (28 juillet 1862 – 19 juin 1864)"
par justin Lecarpentier
Le matin du 19 juin 1864, une foule immense de badauds et de touristes, dont beaucoup sont venus spécialement de Paris par le train, se masse sur les hauteurs et la digue de Cherbourg. Tous sont venus pour un « spectacle unique », un combat naval entre deux frégates américaines : le CSS Alabama, navire corsaire sudiste construit en secret à Liverpool en 1862 et qui depuis trois ans fait des ravages sur la flotte de commerce de l’Union en ayant coulé plus de 65 navires, accoste à Cherbourg le 11 juin 1864 pour ravitailler et réparer ses avaries dans ce port neutre. Mais, le 14 juin 1864, l’USS Kearsarge, frégate de l’Union construite en 1861, mouille devant Cherbourg. Coincé dans le port, le capitaine de l’Alabama, Raphael Semmes, n’a que deux options : abandonner son navire sur place ou affronter en duel son opposant au large de Cherbourg. Semmes choisit la deuxième option et en informe les autorités locales le 18 juin. La nouvelle se diffuse rapidement et le dimanche 19 juin à 9h45, l’Alabama quitte le port, escorté par la frégate La Couronne jusqu’aux eaux internationales. À 12 milles des côtes, les deux navires foncent l’un vers l’autre pour lancer une canonnade brève, mais intense. Après une heure de combat, l’Alabama, fortement avarié hisse le drapeau blanc avant de sombrer en face de la grande rade. Le Kearsarge récupère la moitié de l’équipage sudiste, mais les autres s’échappent, dont Semmes, en étant secourus par un navire anglais, le Deerhound, qui refuse de les livrer à la frégate unioniste et les rapatrie en Angleterre. Au terme du combat, le Kearsarge, endommagé, entre dans le port de Cherbourg en vainqueur et y débarque les blessés. Le combat fait au final 30 morts – 29 sudistes, tués lors des combats, noyés lors du naufrage ou morts de leurs blessures et 1 nordiste, William Gowin, qui décède de ses blessures. Trois d’entre eux, Willian Gowin et 2 sudistes, reposent toujours dans le cimetière de Cherbourg.
En 1984, le chasseur de mines Circée retrouve l’épave à 60 mètres de fond à 10 km au nord de la passe ouest. En 1988, une association CSS Alabama est créée pour explorer l’épave qui se trouve dans les eaux territoriales françaises, un traité en 1989 entre la France et les États-Unis aboutit à une reconnaissance d’un héritage commun et au début de fouilles archéologiques. Entre 2002 et 2004, 300 objets dont la cloche, des canons, la vaisselle et des objets du quotidien sont remontés. Le canon est depuis exposé dans le hall de la Cité de la Mer à Cherbourg, le reste des objets est conservé aux États-Unis.
Docteur en histoire contemporaine de l’Université de Caen-Normandie, Justin Lecarpentier est l’auteur de quatre ouvrages sur l’affaire des vedettes de Cherbourg. Il a également fait paraître un ouvrage de synthèse extrait de sa thèse sur Félix Amiot : Félix Amiot. Parcours d'un industriel normand du XXe siècle, paru chez OREP en mai 2020 et un autre, Les 100 Clés de Cherbourg, paru aux Éditions des Falaises en avril 2022.
Justin Lecarpentier est aussi auteur-réalisateur de documentaires : son premier porte sur l’affaire des vedettes de Cherbourg (diffusé en décembre 2019 par France 3 Normandie), le deuxième sur l’histoire de la communauté juive de Cherbourg (diffusé sur France3 Normandie en septembre 2021), le dernier sur le film Le Jour le plus Long (diffusé sur France 3 Normandie en juin 2022). Il est enfin chroniqueur histoire locale pour l’édition de Cherbourg de La Manche Libre depuis septembre 2019.
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