Paul LEMAIGNEN
« Soigner les corps et soigner les âmes :
les prêtres et les médecins dans le Valognais sous l’ancien Régime »
Exceptionnellement, cette conférence a lieu à 18h30 !
Au sortir du Moyen Âge, il n’y a pas d’opposition entre la chose religieuse et la médecine ; il y a bien quelque chose qui touche au divin dans l’activité médicale. Cette communication a pour but d’étudier les deux pans de la santé ancienne : le soin corporel et le soin spirituel, les chirurgiens et les prêtres, les corps et les âmes. Cette communication fait suite à un travail de recherche préalablement mené dans le cadre d’un master 2 soutenu à l’Université de Caen.
Cette conférence place son sujet au centre d’une époque-charnière dans le soin du corps et de l’âme. Charnière du point de vue médical et chirurgical, avec l’émergence et la reconnaissance progressive du corps des chirurgiens et des chirurgiens-accoucheurs dont Guillaume Mauquest de la Motte est le plus célèbre représentant par sa renommée qui dépasse les frontières du Royaume. On s’attachera à présenter le parcours de ces différents chirurgiens comme on portera la comparaison avec les médecins qui gardent un droit de prééminence du fait de leur statut universitaire. Ces derniers défendent une vision très conservatrice de la chose médicale. Parallèlement, cette période est charnière dans le soin de l’âme à cause des grands bouleversements religieux qui marquent la fin du XVIe siècle. La communication présentera les soigneurs de l’âme que sont les confesseurs et prédicateurs. Des écrits de Charles Trigan, Jean Hamon, Jean Lescroël et de Bertin Bertault, du séminaire janséniste de Valognes aux prédications de Jean Eudes, la conférence mentionnera les grands spécialistes du soin de l’âme et les changements vécus par le clergé valognais.
Ensuite, la conférence abordera les points communs propres au soin du corps et de l’âme, que ce soit la formation universitaire ou encore la marginalisation de la gent féminine et leur mis à l’écart dans le processus de professionnalisation de l’accouchement. Les sage-femmes perdant leur prééminence dans l’accouchement au profit de ces nouveaux chirurgiens accoucheurs comme Guillaume Mauquest de la Motte. La chose se répète pour le soin religieux avec le cas de Marie Bucaille. Enfin, la communication se terminera par le pèlerinage thérapeutique (le pèlerinage de Biville), qui est peut-être l’entrée pour bien comprendre l’imbrication du sacré et du médical de la fin du XVIe siècle au début du XVIIIe siècle.
Cette communication va tenter de dresser le tableau de ce Valognes empreint par la religion, marquée par le scandale janséniste (fermeture du séminaire), mais aussi porteur de grands noms de la chirurgie et de la médecine (Guillaume Mauquest de la Motte, Félix Vicq d’Azir) et de présenter les deux facettes indissociables du soin sous l’Ancien Régime : le corps et l’âme.
Après une licence et un master d’histoire moderne à l’université de Caen obtenu en 2020 sous la direction de Jean-Marc Moriceau et une licence professionnelle en SIG en 2022, Paul Lemaignen travaille actuellement en tant que chargé de mission au service SIG (cartographie) du département du Calvados en apprentissage sur les stratégies de développement territorial au sein de l’EM Normandie. Il est également depuis 2015 vice-président et membre fondateur de l’association de Sauvegarde du Patrimoine d’Huberville. Depuis 2021, il est aussi guide-conférencier pour l’office de tourisme de Caen-la-mer et membre de la société des Antiquaires de Normandie depuis 2019. Si son champ d’étude s’organise autour de l’étude sociale des populations face à la mort et le soin, il est passionné par l’apport des nouvelles technologies sur la science historique. Il a donc une forte appétence pour l’utilisation des logiciels cartographiques dans la reconstitution des paysages anciens.
Paul Lemaignen a participé à la rédaction de l’ouvrage Huberville un patrimoine à découvrir en 2017 avec Laurent Paez-Rezende et Julien Deshayes. Il a publié un article pour la Revue de la Manche en décembre 2020 : « Comportement et pratiques face à la mort sous l’Ancien Régime dans un petit village du Nord Cotentin : Huberville ».